letrois

SETE Avril Juin 2009 « Pause »

In Hors Les Murs on Mai 2009 at 12:07

Peintures d’Antoine de La Boulaye

Galerie Yves Faurie

Pause La Boulaye 2009

Le projet d’une exposition chez mon ami Yves à Sète me remplissait de joie.

J’y pensais comme à quelque chose d’ensoleillé, de scintillant, de maritime avec des poissons, enfin ce matin d’hiver j’avais vraiment envie de me lancer, de m’y mettre comme on dit. Je feuilletais machinalement un magazine et tombais par hasard sur un petit article évoquant les qualités d’un bon restaurant sétois. Je découpais la précieuse adresse et la plaçais dans le carnet de notes et de dessins que j’emporte toujours en voyage. Lors de mon dernier passage, la ville était belle, intense, joyeuse, je le notais à la page ou se trouvait le petit article. Au dos de celui-ci m’apparut un fragment de photo, la photo d’une très jolie bouche, sûrement celle d’un « top model » que j’avais sans le savoir cernée d’un coup de ciseaux hasardeux. Sans possibilité pour moi d’imaginer le visage qui allait avec, je me contentais d’apprécier le fait que cette bouche un peu gourmande figurait à l’envers d’une adresse de restaurant ! A chaque fois que j’ouvrais mon carnet elle était là, belle, sensuelle, surprise, étonnée peut-être par ce que j’écrivais ou dessinais. Petit à petit cette petite photo prit place tout naturellement au beau milieu de mes croquis. J’aimais cette présence, sa participation graphique  devenait centrale, bref cette muse s’est mise à exister dans mes projets picturaux. Je lui ai tout montré, les gens, la ville, les alentours, tout, une visite guidée de ce pays que j’aime tant. Elle avait toujours l’air heureuse. Je lui parlais souvent, j’ai pris de l’assurance et mes projets de tableaux aussi. Son regard, sa pensée, son anonymat, je les ai fais miens. Un jour le soleil était magnifique, j’ai ouvert mon carnet, posé sa photo sur le blanc de la page, un léger courant d’air nous a effleuré, j’ai attendu un peu … elle est restée. C’était bien, autour de moi les couleurs changeaient des idées nouvelles venaient d’elles même, je voyageais tous les jours un peu plus loin et les futurs tableaux n’en finissaient pas de sourire. On a partagé l’essentiel, j’ai aimé ce temps passé à flâner dans ce que j’allais peindre plus tard, et mon séjour prit fin. Je refermais à regret ce carnet dont elle ne sortirait plus, il fallait rentrer. J’ai repris ma voiture, longé le grand canal, la fenêtre était ouverte, j’aime l’odeur des bateaux, j’ai tourné à gauche, le pont vers la gare, le deuxième feu était au rouge et là, stop ! J’ai cru rêver, elle était là devant moi, au milieu des gens, là sur l’abri bus, cette affiche, sa bouche, ses lèvres, ses yeux, son visage, enfin son visage.

C’était bien elle, qui me regardait pour la première fois, fixement, j’étais bouleversé, le feu est passé au vert, on a klaxonné derrière moi et le flot des voitures m’a entraîné. J’ai juste eu le temps de comprendre… Chloé … tu t’appelles Chloé, tu es une publicité, une affiche, une icône de papier glacé, un parfum, la griffe d’une maison de couture.

La réalité m’apparaissait tout à coup sur cette photo de charme accessible à tous et moi j’avais dans mon rêve essayé une fois de plus de la contourner. C’est la fin d’un voyage, je vais vite peindre ce que ma mémoire a aimé retenir de ces notes ensoleillées, cette expression de toi chère Chloé dort maintenant entre deux pages de mes esquisses.

Bientôt nous reviendrons à Sète, mes tableaux chez Yves diront notre histoire, mais je ne repartirai pas sans être allé au restaurant qui se trouve toujours de l’autre côté de ce que j’ai pris pour un léger sourire.

ALB

avril 2009 089

Pour visiter l’exposition, cliquez sur les images

Contact

Galerie Yves Faurie

5, rue Lazare-Carnot  34200 Sète

+ 33 4 67 51 94 10

galerie@yvesfaurie.com

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Carnets de l’exposition ici

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